mardi 15 novembre 2016

82

Je me demande ce que j'aurai à dire à 82 ans... Enfin, si j'arrive à cet âge. Il me semble toujours que je vais mourir demain. J'en branle pas une pour autant. C'est dire l'ampleur de ma paresse. Mais qu'aurai-je à dire, donc, à 82 ans ? Imaginons ...

J'ai 82 ans. Et demain, je m'éteins. Avant, je voudrais dire encore une chose.
Le futur d'abord. Ce sera pas long. Dites au boucher que je ne pourrai pas préparer le coq pour la fête samedi. 

À mon âge, il me semble avoir vécu assez peu. Quel rapport en faire ? Et pour quelles raisons ? D'autres au seuil ont déjà parlé (leurs paroles ailées vibrent encore dans le bois de la porte entrouverte). M'enfin, ils n'en savaient pas plus que moi au mếme moment. Je vous dirais, naïvement, que de toutes mes occupations, l'Amour fut la plus étrange. La plus intense. Une poignée d'âmes touchées au centre furent autant d'ouvertures, épines à ma peau d'oursin, qui piquent et me meuvent. Il faut que je conseille aux jeunes gens qui me succèderont d'en faire autant. Qu'ils ne craignent rien. L'oubli, ce robuste socle océanique, aura bien usé ces épines. Et redevenue toute ronde, lisse comme à mon premier état larvaire, je vous quitte heureuse.

  ô voix cave ... emblème d'endurance
  tu as franchi la porte
  la dernière ...
     est-ce encore ta voix au travers ?
  ou le murmure du monde
  qui, comme un chaton,
  gratte la lourde plinthe.

sd touchée

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