vendredi 22 août 2014

La plaie autour du couteau

Toute personne qui, à un moment ou à un autre de sa vie, désire connaître ce que furent les grandes oeuvres la Grèce ancienne se heurte très rapidement à un grand désespoir. Car cette personne sait l'étendue de ce qui fut, et constate, non sans amertume, la ténuité de ce qui reste. Mentionnons, très rapidement, quelques chiffres. Eschyle fut l'auteur, dit-on, de quatre-vingt dix tragédies et vingt drames satyriques. Aujourd'hui, il ne reste qu'une petite dizaine de ses oeuvres. De même, Sophocle écrivit plus de cent-vingt pièces, desquelles nous ne lisons qu'une dizaine. D'Aristote, il nous reste une trentaine d'oeuvres, soit presque la moitié de ce qu'il écrivit. Et que dire de Sappho, grande poétesse considérée comme l'égale d'Homère, dont il ne reste que des fragments, ou d'Héraclite, Parménide, etc. et que sais-je encore ?

Certes, il est une étape essentielle dans la formation d'un helléniste, qui consiste à accepter ces faits, et à tirer son contentement des miettes (quelles miettes!) qui nous sont parvenues. Je voudrais cependant m'adresser à ceux, grands et petits, qui gardent au fond de leur coeur une ombre d'espoir quant à la possible découverte de manuscrits perdus. Je sais, en effet, de source sûre, que ces manuscrits ont été préservés, et d'une manière tout à fait exceptionnelle, au fond d'un puit creusé dans la pierre, à l'abri de la lumière. Puit malheureusement réduit en la plus fine poussière dans la nuit du 23 août au hasard d'une querelle entre voisins qui finit par une joyeuse fête de plasticage.

S. D.

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