mardi 9 août 2016

La chaussée

Il est possible que je lui ai fait peur. Et comment lui en vouloir ? J'ai jeté mon coeur saignant sur la chaussée, à la vue de tous. J'ai dit :
Regardez, c'est moi qui vous aime par terre.
Il faudra donc rendre cet organe plus présentable ... ou bien l'effacer à coup de talon.

mais ... je reprend cette prière, adressé à qui des ange terrifiants ayant ce droit.

Et pourtant ... ô approche douceur,
ne crains pas la face repoussante de mon naufrage.
frôle, soie brumeuse, la mauve cicatrice à ma poitrine,
gaze légère, silhouette, fine cheville,
rayon, rayon, rayon. pointe précise à l'espérance, au salut. ô approche bonheur. 

Est-ce seulement la crainte qui travaille ? Qui peut distinguer le désaccord ferme et libre d'un rebours pusillanime ? Et quand bien même l'option sans noblesse l'emporterait. À moi, ayant vu l'ignominie sous la peau de mon visage, à moi reviendrait l'épée qui trancherait sa fine clavicule, pour une faute, une pierre qui roule aux épaules de tous ici-bas ?

Le mensonge est dans la voix comme la transparence dans l'air qui circule. On ne ferait pas grand cas de l'azur si sa diaphanéité ne nous offrait pas les images de ses mondes. L'artifice prend à la gorge le chanteur, et du larynx étriqué sort la plainte caverneuse : 

J'ai faim d'aimer.
Ô temps, ô couteau de boucher
Mếlez un autre coeur au mien
Dans la terrine, hachée
lisse, unifiée.

Ainsi est son chant, qui n'est pas le pouls chaotique de son organe. Cet organe là ne parle pas, ne chante pas. Mais que l'air comprimé perce la veine. Le chant jaillit. L'image surgit. Et soudain tous les murs de silence de l'écouter. Écrans récepteurs, qui portez les marques, gardez ces cendres.

Voilà le revers graisseux sous mon visage. Une viande qui parle. Alors quoi ? Je pourrais juger cette si belle âme, sous ces yeux de lune, de n'avoir pas, ou d'avoir trop, dit ? Non.

sd dolorosa

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