dimanche 15 juin 2014

Collier de perles

J'ai à ma nuque, un collier de perles noires
Qui chaque année, s'allonge, s'allonge ...

Je me rappelle encore la triste circonstance où la première me fut donnée. C'était une grande maison de bois, remplie d'une foule silencieuse, que balayait l'embrun salé d'un ciel morne et gris. Un oncle - qui était-ce ? - reposait.

J'ai à ma nuque, un collier de perles noires
Qui chaque année, s'allonge, s'allonge ...

Une autre fois encore, c'était un jardin aux coqs rouges, planté de manguiers en fleurs.  Une foule pareille, mais à l'allure plus familière, comprimait en son flux les soupirs des oiseaux. Un ciel pur siégeait sur  un front de marbre.

J'ai à ma nuque, un collier de perles noires
Qui chaque année, s'allonge, s'allonge ...

Je n'ai pas vu, pour la suivante, les visages que cachaient deux océans et le monde nouveau. Mais je répondais à la note continue d'une voix éteinte. Les airs en lambeaux flottaient sur des épaules. Et l'écran de l'exil marquait son épaisseur.

J'ai à ma nuque, un collier de perles noires
Qui chaque année, s'allonge, s'allonge ...

Ce sont des pendules qu'alourdissent des faux. Dis-moi, que veux-tu, vieille Huître ? crois-tu rétablir une juste mesure par ces accrétions ? J'ai à ma nuque, le collier de tes perles noires, que chaque année, tu moissonnes, tu moissonnes: elles pèsent à ma poitrine leur rotondité de planète. Soit ! Alors, je tirerai vers ta gorge les lames arrachantes de ta coquille ! Et je pèserai sur ta nuque la masse noire de mon âme !

Corrosive Scons Dut

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