dimanche 19 mai 2013

Réponse à : La salle d'embarquement.

Je ne pensais pas que mon premier article eusse pu susciter la réaction que je m'apprête à vous rapporter, et pourtant ... Quelques jours après sa publication, je reçois un courriel très étrange d'un certain Tyron (une référence ??). Vraiment étrange ... Je ne saurais pas le qualifier autrement, et je dois avouer que les mots me manquent. En observant la chose de loin, comme cette habitude que chacun a de faire un pas en arrière pour mieux apprécier une chose un peu compliqué, il me semble bien qu'il s'agisse d'un mail d'insulte. Un reproche diront certains ? Peut-être. Il y a là quelque chose de très inhabituelle, du moins pour moi, dans la mesure où cette insulte est relativement diffuse, où le simple fait de s'approcher en dissipe toutes les implications. Il semble que, placé au plus près du texte, nous ayons une espèce de ... récit ?? Bref, il vaut mieux que je lui cède ici la parole. Ah oui, certains diront "d'où tirez-vous la permission de publier un texte sans l'autorisation de l'auteur ?!!". Jugez plutôt.
Scons Dut

@ Scons Dut (Mr. ou Mme ? Animal plutôt !)
à propos de "La salle d'embarquement"

Ca ne va pas du tout, et il faut que je vous le dise. Je viens de lire votre article sur les salles d'embarquement. C'est vrai, c'est à la mode maintenant, on peut ouvrir son blog, venir y professer ses  leçons de "bonnes pratiques" comme vous dites, etc ... bon et ensuite ! L'animal découvre le français correct, pense avoir du style en imbriquant deux subordonnées, propositions à partir desquelles, enclavant ses quignons d'idées, il se propose de gloser sans fin, multipliant les participes présents, ouvrant toujours de nouvelles virgules dans un espace sans fin d'autoréfléxions qui, mimant l'effort de pensée, n'en est pas moins que la plus pâle des ombres. Comme ce procédé est facile ! 

Faut-il croire que l'anonymat s'accompagne toujours de cette nonchalance hautaine ? Mais pour qui vous prenez-vous ? Pourquoi, dites le nous, pourquoi écrivez-vous un tel article ? Voilà la question que je pose. Et voilà ce que je veux que vous fassiez. Tout d'abord, vous l'avez remarqué, je n'écris pas en commentaire de votre article. Et puis quoi ! pour qu'il soit enfoncé sous la masse des autres commentaires ? l'affaire est trop importante. Je veux que vous publiiez ce que j'ai à vous dire. Peu importe la méthode, vous pouvez reprendre ce mail intégralement, corriger les fautes si vous voulez. M'enfin, je ne peux évidemment pas vous forcer la main; en tout cas ma volonté est claire.

Sachez que je ne vous en veux pas vraiment. Simplement, en vous lisant, je devine votre jeunesse. Et il est plaisant à cet âge de s'essayer à plusieurs styles de pensée. Non ? Allez, voici le premier, c'est le printemps, ça bourgeonne, ça papillonne. On butine à telle fleur, puis à une autre. On se poudre de tous les pollens, on boit à toutes les sources d'eau claires. Le soleil se couche derrière le versant bombé de la belle colline, et voilà, la nuit arrive sur la terre et dans votre esprit. Le lendemain tout repart, le beau recommencement, l'éternel jeunesse. Mais attention, dans cette tendreté de l'esprit, les sources, les fleurs, les papillons et la lune, tout ça commence à graver ces plis animaux. Voilà la première dureté de l'esprit, contracté sans souci, même pas vue. De toutes façons, il est midi, c'est déjà l'été, il faut aller au bain, à la rivière aux belles nymphes, pour leur chanter en grec des théogonies. Mais voilà, l'hiver approche, et moi je suis l'automne. J'annonce, et mes lettres, comme les feuilles, tombent couleur de feu.

J'ai bien vu dans cet article, poindre l'ironie moqueuse, le petit art savant de la disposition prétendument rationnelle. Je vois ce pli contracté, et j'annonce. J'ai bien vu aussi que de c e petit piédestal, dépassant de deux poils la tête des autres, vous prenez la pose d'un entomologiste, et vous piquez sur des cartons numérotés les caractères humains. Ah la belle affaire. Le pire, c'est que vous ayez raison sur ce sujet, sur ces salles d'embarquement. Mais voyez vous, l'eau de la source est fraîche et le nectar est doux. Et le pli est contracté, et moi j'annonce.

Vous décrivez le schéma de la salle d'embarquement, vous décrivez le schéma de l'avion. Vous piégez le lecteur dans une confidence. Vous lui dites comment fonctionne la chose, et le voilà qui vous suit, moquant comme vous, ces bêtes de passagers qui ne savent pas. Et voilà l'exorde, point d'orgue, la scène est mise en place, et vous faites entrer vos personnages. Le lecteur les connaît, vous lui avez suggéré la fin. "Et pourtant ..." comme vous dites, c'est l'élément perturbateur, c'est le noeud, la cohue, la bêtise, le chaos de la "boule d'attente" succédant l'ordre ordonné de la "file d'attente". Et le dénouement ? C'est votre pli ! Vous préparez tout, le lecteur s'engage et vous reconnaît deus ex machina. Depuis le début, on s'en doutait.

Ainsi je vous en prie. Cessez ce petit jeu. Quelles conséquences sur les esprits tendres ? sur le vôtre ? La calcification menace et vous et vos lecteurs. Alors l'hiver est arrivé. Et moi j'ai tranché.
Tyron
Fin du courriel

Vous l'aurez compris, cher lecteur calcifié :), je l'espère, mon désarroi ... Je crois comprendre certaines parties de ce discours  (le paragraphe dans les prairies fleuries est même assez plaisant), mais d'autres restent pour moi de véritables mystères. Et si j'ai décidé de publier ce courriel, conformément aux souhaits de Tyron, c'est parce que j'espère que l'un d'entre vous pourra m'éclairer sur cette affaire. Dois-je ajouter que je ne pensais pas à mal en écrivant ce billet sur les salles d'embarquement ? ...
Scons Dut

2 commentaires:

  1. Le plus inquiétant dans cette affaire sordide est la quantité d'avions qui survolent encore les océans, bien que l'on sache depuis bon nombre d'années que les océans sont mous et qu'un avion ne peut se poser dessus, sauf dans certaines circonstances (tous les hivers lors du gel des océans, Moïse, etc...).

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  2. Désolée de vous contredire, mais les océans ne sont pas mous. Les océans sont tendres. Le gel de l'hiver est une sorte de retenue. Et face à Moïse, un ébaubissement.

    Il n'empêche que la chose reste inquiétante. Vous avez raison sur ce point.

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