dimanche 12 mai 2013

La salle d'embarquement.

Drôle d'idée, n'est-ce pas, que de publier un billet sur les salles d'embarquement. D'ailleurs, il s'agit plus d'une mise au point que d'un véritable billet. Certains me diront qu'il s'agit là de choses évidentes, que de tels sujets ne méritent pas qu'on y passe autant de temps. Et ils auront parfaitement raison; sur le premier point en tout cas. Pour le temps à y consacrer, je ne crois pas qu'il soit excessif puisqu'il correspond, peu ou prou, à la durée d'un brossage de dents, et que ce que je m'apprête à raconter partage avec cette dernière activité un souci commun : l'hygiène. Je vous propose donc, sans ambages, un ensemble de bonnes pratiques qui, arguments à l'appui, assureront la bonne humeur générale dans les cas les plus courants.

1. Définition et description

Commençons. La plus belle fédération de bonnes volontés  (http://fr.wikipedia.org/wiki/Salle_d'embarquement) nous informe qu'une salle d'embarquement est une pièce où des passagers attendent avant de pouvoir monter dans un avion ou dans un navire. Je ne parlerai pas ici du cas des navires, qui relève d'une approche radicalement différente bien qu'elle ne soit pas complètement hors de notre propos. On pourra se figurer, pour clarifier les choses, une simple pièce fermée, avec ou sans visibilité sur les pistes, dans un coin de laquelle se trouve un bureau, où attendent deux agents de l'aéroport, Alice et Bob, et un accès vers un long couloir C1 conduisant à l'avion (passons sur le cas où l'accès à bord oblige de marcher sur la piste). Il est important de noter dès à présent que ce couloir C1 est relativement étroit, ne pouvant contenir en largeur que deux ou trois norvégiens moyens dans sa partie la plus large. 

Au bout de ce couloir se trouve la porte d'entrée de l'avion, où généralement un personnel navigant en cabine (PNC) accueille les passagers. Prenons, pour garder les choses simples encore une fois, un avion type Airbus A320, 165 sièges avec simple couloir central (Fig. 1). 

Fig. 1
L'entrée s'effectue à l'avant gauche de l'appareil, et les passagers sont invités à rejoindre leurs sièges en empruntant le couloir central C2. Noter que l'entrée est unique et qu'il n'est donc pas possible d'atteindre les places situés à l'arrière de l'appareil sans longer la totalité du couloir. Par ailleurs, la largeur de ce couloir est réduite à simplement un norvégien moyen, ce qui empêche tout dépassement respectant les codes de la bienséance (penser aux frottements inopportuns que cela peut occasionner). Il faut également noter que la cabine est pourvue de coffres à bagages situés au-dessus des sièges des passagers. L'ouverture s'effectue par le couloir central, la porte du coffre se déployant du bas vers le haut, ou l'inverse selon les cas (Fig. 2).
Fig. 2

2. Situation archétypale

Revenons à la salle d'embarquement. Les passagers, après avoir enregistré leurs éventuels bagages et passé les différents contrôles, avec quelques déconvenues pour certains, attendent dans notre salle d'embarquement en scrutant périodiquement les différents écrans d'information ainsi que le bureau d'accueil des passagers à l'entrée du couloir C1. Cette frénésie oculaire est d'autant plus intense que l'heure d'embarquement se rapproche. Dans les cas où l'embarquement est retardé, cette agitation peut se muer en soupirs sonores, voire en plaintes  claironnées. Chacun des passagers est muni d'un billet d'embarquement où figurent, entre autres, son prénom, son nom et son numéro de siège.

L'ouverture de l'embarquement est généralement annoncée à travers les nombreux haut-parleurs qui ornent la salle, par un des agents assignés au bureau d'accueil. Bien entendu l'accès est fermé avant cet appel, mais cela n'empêche pas certains à commencer à faire la queue environ dix à quinze minutes avant l'heure. L'annonce de l'ouverture procède par étapes, chaque étape correspondant à une classe particulières de passagers invités à monter à bord. Ainsi sont invités à embarquer, les passagers membres d'une des confréries avioniques (première classe, skyteam, ...), les personnes handicapés, les femmes enceintes, et les parents munis d'enfants en bas âge.

Le reste des passagers est censé monter dans l'ordre assigné par leurs numéros de sièges. Ce qui donne dans l'ordre : les passagers assis à l'arrière de l'appareil, puis les suivants jusqu'au passagers situés à l'avant de l'appareil. Cet ordonnancement est lié à l'étroitesse du couloir central, et au fait que de nombreuses personnes prennent un temps plus ou moins long à ranger leurs affaires dans les coffres à bagages.

3. Et pourtant ...

Et pourtant, bien que les sièges soient nominatifs, bien que les agents du bureau d'accueil fassent des efforts surhumains de politesse et de courtoisie pour indiquer le plus calmement possible au passager qui tente par tous les moyens d'accéder à bord avant les autres, que son numéro de siège ne fait pas partie des numéros appelés et qu'il lui est nécessaire de faire la queue, il y a une sorte de frayeur injustifiée qui pousse ce passager à croire qu'il risque de manquer son avion, malgré toutes les confirmations qu'on aura pu lui fournir. Cette frayeur, légère pour certains, accablante pour d'autres provient, je le crois, d'une ignorance de l'étiquette qui préside à l'embarquement. Cette disposition individuelle se traduit au niveau du groupe par la transformation subreptice de la file d'attente en une boule d'attente s'effilochant au point le plus éloigné de la porte d'embarquement. Bien sûr, cela n'encourage pas les individus à s'organiser davantage, ni à tempérer leur agacement. Les plus honnêtes se trouvent fortement désemparés, ne sachant plus où situer leur place dans la file d'attente; cela est source de multiples injustices, minimes certes, mais présentes tout de même.

En ce qui concerne la description de la salle d'embarquement, de la configuration de la cabine d'un avion et de la façon dont celles-ci organisent la procédure générale d'embarquement, en ce qui concerne les dispositions psychologiques des passagers et les dérives qu'elles entraînent, voilà qui est dit. Vous voici donc informé, désormais, et vous saurez, lorsque la situation se présentera, user de votre raison. Ce n'est que par un effort commun que nous parviendrons à lever ce mal, aussi petit soit-il.

Scons Dut

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